Exposition
Tout public
Montpellier,34000
23/06/2021 14:00
0 mins
DATE LIEU ADRESSE TELEPHONE WEB DISPO

Galerie Al/Ma: Racines Carrées - Mehdi Moutashar

RACINES CARREES Mehdi Moutashar   A l’origine de la plupart des œuvres de l’exposition – y compris les deux multiples édités à cette occasion – figure un dessin, réalisé à la fin des années 80 ; un croquis, dont il a aussitôt existé plusieurs versions, apparu en roue libre dans le tamis de l’atelier, comme un début de réponse à la question du moment. Il est arrivé plus d’une fois que l’ébauche d’une recherche, immédiatement perçue comme porteuse de quelque chose d’important mais en même temps parfaitement insaisissable, demeure pendant longtemps dans un repli, en attente, au milieu de beaucoup d’autres fragments, avant de trouver soudainement, l’heure venue, les conditions de son développement. En marge de toutes les œuvres rattachées à la figure du carré magique, qui s’étaient multipliées tout au long des années 80, notamment sous la forme d’installations utilisant des modules – quatre briques d’argile ou de bois enserrant un espace vide et forcément carré – la question que s’était alors posé un artiste que rien ne fascine autant que le déploiement illimité des possibles était : comment introduire le mouvement dans cet archétype de stabilité orthogonale ? Et donc, garder deux des axes, le vertical et l’horizontal, comme deux lignes d’appui, ne rien changer aux proportions des doubles carrés, mais fractionner en trois le fameux angle droit : soit deux obliques pivotées de 30°, qui passent mathématiquement d’un appui à l’autre, tout en embarquant l’ensemble dans le mouvement général. Quoique toujours vibrant quelque part en arrière-plan, ce dessin est resté inexploité pendant plus de trente ans avant de s’incarner en 2016, cette fois en trois dimensions – en l’occurence depuis le mur jusqu’au sol – dans un projet de construction de grandes dimensions, intitulée Onze carrés, pour l’instant toujours à l’état de maquette… Dans l’histoire de toutes les ramifications issues du croquis initial, un élément aura joué un rôle déterminant : il s’agit de l’apparition dans le travail de l’artiste d’un matériau nouveau, auquel il a recours à partir de 2013, le fil élastique, tendu entre deux pointes, dont l’œuvre capte la vibration exponentielle, comme un dessin toujours en train de s’élancer. Une œuvre en particulier, la plus récente, 10 segments de 25 cm (2021), traduit étonnamment, bien qu’elle soit réalisée en métal, tout juste appuyée sur deux points, l’un au mur l’autre au sol, la résonnance et l’ouverture de cette double origine. On y reconnaîtra aussi, autant que dans toute la série de plaques en métal découpé réalisées ces deux dernières années, la référence constante mais toujours renouvelée à la calligraphie, aux points d’articulation de l’écriture, ou aux signes diacritiques qui la ponctuent, comme l’avait si bien identifié Dominique Clévenot dans son texte Des angles remarquables 1 : le développement d’une ligne scandée par des indentations anguleuses, le pliage du ruban noir évoquant les pleins et les déliés du qalam, le roseau taillé en biseau que manie le calligraphe. L’une des pièces exposées, Kaf, qui est la seule lettre à mouvement oblique de l’alphabet arabe, renvoie encore à la dynamique du croquis original qui passe par degrés de l’horizontale à la verticale. Mais pour l’artiste, le tracé du double fil élastique agite aussi l’écho de ses souvenirs d’enfance, lorsqu’il jouait au calligraphe, avec deux crayons dans la même main. Les deux multiples réalisés pour cette exposition – Quatre carrés pivotés de 30° et Six angles à 90° – apparaissent ainsi comme des concentrés de ces références : la trajectoire du mouvement, matérialisée par les perforations de la plaque, y joue avec l’entité et l’opacité du métal, avec le tranchant du contour – angles rentrants, angles saillants – sans jamais renoncer à une légèreté qui doit beaucoup à cette sorte d’écho généré par le dédoublement, le miroitement, ou l’inversion des formes obtenues. M.M-Serres 2021   "Décentrements : pour une histoire connectée", une conférence de Morad Montazami (Zamân Books & Curating) au CAPC, musée d'art contemporain de Bordeaux : https://www.youtube.com/watch?app=desktop&v=bCWkHYFrvxo&feature=emb_logo

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